Mon parcours au Campus Saint-Jean

Lorsque je suis arrivé ...

Lorsque je suis arrivé pour la première fois au Campus Saint-Jean, j’avais littéralement une peur ou, je devrais plutôt dire une trouille de mort. J’étais tellement effrayé, angoissé, tétanisé. Ma première visite au 41 de la rue de Birmingham s’est faite durant l’été 2012. En effet, accompagné de mes parents et d’un gentil monsieur dont je ne me rappelle hélas, plus le prénom, j’entrai dans le bureau de Monsieur Clignet, le responsable des élèves primo-arrivants souhaitant s’inscrire au Campus. Pour ceux qui sont passés par le ‘’DASPA’’, autrefois appelé ‘’classes passerelles’’, vous le savez très bien, on s’adresse au personnel ayant notre charge en appelant toute personne par son prénom. J’estime qu’il s’agit d’établir ainsi des liens plus forts entre élèves et professeurs ou bien encore de mettre les élèves bien à l’aise. Pour être honnête, à l’heure même à laquelle je rédige cet article, soit huit ans plus tard, je ne connais pas exactement cette raison.

Ainsi, à l’époque, je ne connaissais aucun Monsieur Clignet, mais plutôt Monsieur Alain. Monsieur Alain était et l’est encore aujourd’hui, une personne très charmante. Il a tout de suite su lire dans mes pensées et voir à quel point j’étais stressé. De ce fait, il est arrivé à me réconforter et Dieu merci, une discussion a été entamée. Avec le très peu de français que j’avais étudié auparavant, j’ai su épeler un numéro de téléphone et me présenter. La nostalgie s’installe. Quelle époque ! J’avais 13 ans. Aujourd’hui, j’en ai 21. Je suis entré dans cette école en tant que jeune adolescent, j’en ressors homme.

La personne qui m’avait accompagné s’était occupé de mon inscription, mes parents ont signé et moi de même, on s’est serré les mains et on a quitté le bureau de Monsieur Alain. Soudain, j’étais devenu excité. Pourquoi ? Je ne sais pas. C’était peut-être une sensation de liberté, de confort après ce rendez-vous que je redoutais tant.

Par après, je suis retourné encore une fois avec mes parents, pour une réunion avec les professeurs des classes passerelles. Je me rappelle encore, le professeur ayant présidé la réunion était Madame Julie Dock.
Mais le pire restait à venir… Le premier jour d’école. La rentrée. C’était le 4 ou bien 5 septembre. Je ne me souviens plus très bien. Malgré le fait qu’on nous avait présenté l’établissement lors de la réunion, je ne savais plus par où y aller. Je voulais pleurer. Cependant, j’ai pris mon courage à deux mains et avancé. J’ai suivi les autres. Je me suis dit : « C’est la dernière fois que tu pleures. » Je faisais mes débuts au Campus. Actuellement, l’heure de la retraite approche à grands pas.

Une année est passée, une deuxième, une troisième et ainsi de suite. Le temps s’est écoulé tellement vite. Arrivé en sixième, me voilà amené à exprimer mon point de vue quant au DASPA.

Le DASPA est un dispositif social d’accueil pour les primo-arrivants. Il faut avoir entre trois et 18 ans pour être admis et être arrivé en Belgique depuis un an. Il s’agit en effet, d’une année blanche visant tout d’abord l’étude des langues parlées en Belgique.

Mon expérience en classe passerelle s’est montrée très positive. Je suis encore étonné d’avoir pu apprendre le français si rapidement. Bien sûr, on en fait encore des fautes de grammaire, de conjugaison, d’accord, d’élocution. Mais la base de la langue est bien ancrée dans l’esprit de chaque élève. Je dois dire que, dans ce dispositif, les élèves demeurent très proches surtout en début d’année. Personne ne connait personne, tout le monde est issu d’une culture différente. Les collègues sont une deuxième famille. De profondes amitiés se lient alors, des amitiés qui durent parfois longtemps. Il s’agit d’une période d’adaptation. Chacun apprend à connaître l’école, les personnes y travaillant… mais surtout la Belgique. A mon sens, c’est une immersion dans la culture belge. Le français et le néerlandais y sont travaillés, des sorties un peu partout dans Bruxelles sont organisées. Je pense surtout que la richesse de cette expérience est la multiculturalité et la possibilité de socialiser.

Ainsi, le fait de passer par le DASPA est crucial pour un primo-arrivant. Malheureusement, toutes les écoles ne bénéficient pas d’un tel dispositif d’apprentissage. A mon humble avis, davantage d’écoles devraient pouvoir mettre en place le fonctionnement d’un tel système d’apprentissage afin d’assurer une émancipation plus rapide.

Je trouve aussi que les élèves issus de ces années dites ‘’blanches’’ sont amenés à supporter beaucoup de remarques par rapport à leur évolution visant parfois les différents milieux dont ces derniers sont issus. Cependant, la vraie satisfaction réside dans une évolution qui demande beaucoup de sacrifices mais qui rend fiers les proches et les membres de la famille. Dieu merci.

Toutefois, la cohabitation se montre notamment culturellement enrichissante et heureuse. De ce fait, il est possible d’apprendre davantage sur d’autres cultures et endroits mais également de lier de très grandes amitiés. Il s’agit aussi de garder son identité et de la présenter aux autres avec une fierté personnelle.

Danut 6GTL